Il y a tant d'images dans le monde, qu'on croit avoir tout vu. Tout pensé.
Depuis des années, je cherche une image qui manque.
Une photographie prise entre 1975 et 1979 par les Khmers rouges, quand ils dirigeaient le Cambodge.
A elle seule, bien sûr, une image ne prouve pas le crime de masse ; mais elle donne à penser ; à méditer. A bâtir l'histoire.
Je l'ai cherchée en vain dans les archives, dans les papiers, dans les
campagnes de mon pays.
Maintenant je sais : cette image doit manquer ; et je ne la cherchais pas - ne serait-elle pas obscène et sans signification ?
Alors je la fabrique.
Ce que je vous donne aujourd'hui n'est pas une image, ou la quête d'une seule image, mais l'image d'une quête : celle que permet le cinéma.

Certaines images doivent manquer toujours, toujours être remplacées par d'autres : dans ce mouvement il y a la vie, le combat, la peine et la beauté, la tristesse des visages perdus, la compréhension de ce qui fut ; parfois la noblesse, et même le courage : mais l'oubli, jamais.

Source résumé et images : site officiel du festival de Cannes

- Titre original : L'image manquante
- Réalisateur : Rithy Panh
- Scénariste : Rithy Panh
- Adaptation : L'élimination de Rithy Panh et Christophe Bataille
- Genre : guerre, histoire (documentaire)
- Pays : Cambodge, France
- Année : 2013 (Festival de Cannes 2013, sortie dvd : novembre 2013)
- Durée : 90 min
- Musique : Marc Marder
- Voix off : Randal Douc

Mon avis :

L'image manquante est un documentaire réalisé par Rithy Panh à qui on doit déjà quelques films et documentaires sur le Cambodge et ses grands boulversements lors de la prise de pouvoir par les Khmers Rouges (filmographie). Le cinéaste effectue alors depuis ses premières réalisations un travail de mémoire.
Ce dernier film a obtenu le prix Un certain regard à Cannes cette année.

Rithy Panh raconte l'histoire de sa famille et la sienne pendant cette prise de pouvoir des Khmers Rouges dans les années 70. N'ayant retrouvé aucune photo et pellicule car détruite par le régime de l'époque, il raconte cette histoire en mettant en scène des poupées scultées en terre. Ces poupées sont immobiles, fixes mais les expressions sont bien là et transmettent toutes les émotions du récit. Ces scènes représentées par ces poupées sont mélées à quelques images d'archives et photos d'époque sur une voix off pour raconter toute son histoire et celle de son pays.

J'appréhendais un peu au début, car voir du début à la fin des petites statuettes fixes avec une voix off, j'avais un peu peur de ne pas être suffisamment captivée pour vraiment m'y intéresser. Finalement, dès les premières minutes, je n'ai pu déccrocher les yeux de mon écran tant le récit était passionnant et surtout boulversant. Rithy Panh a parfaitement bien réussi à rendre son film vivant malgré l'utilisation de nombreux plans fixes avec ces statuettes sculptées et figées.

D'ailleurs, les expressions de ces statuettes sont très marquantes, au fils du récit, on peut voir l'évolution des visages, des corps amaigris par la faim, l'arme la plus efficace pour tenir un peuple bien docile (ce qui est dit dans le doc). Et il nous raconte comment la faim a tué progressivement sa famille... Un récit difficile.

Bref, L'image manquante est un film documentaire boulversant et passionnant, raconté d'une manière très originale lui donnant toute sa force émotionnelle.

Ma note : 9/10

Ageha.